Technique du sashiko

Le SASHIKO est une technique japonaise de broderie qui est apparue au début du 16e siècle. Elle s’est développée depuis dans tout le Japon; il est difficile de connaitre aujourd’hui avec certitude le lieu où elle a démarré. Nous savons cependant que les SASHIKO des régions froides comme le TOHOKU (Nord-est du Japon) sont très célèbres. 

Cette technique a probablement été inventée pour rapiécer des vêtements et les rendre plus solides, ou alors pour assembler plusieurs tissus et mieux s’isoler du froid. Une autre origine viendrait du désir d’avoir des vêtements plus joyeux ou plus beaux; la couture de motifs plus ou moins compliqués aurait une fonction décorative. (Il semble que dans certaines régions, le SASHIKO étaient fait purement pour des raisons décoratives ou pour servir d’amulette.)

 

 Traditionnellement, on coud avec un fil blanc ou bleu marine sur un tissu teint en indigo, mais aujourd’hui on utilise des couleurs très variées. Comme matériaux, c’est le plus fréquemment un tissu en coton et du fil de coton. À Aomori cependant, comme il était difficile de cultiver le coton, et que les paysans n’avaient pas le droit de se vêtir en coton (époque d’Edo:1603-1867), ces derniers ont inventé les techniques devenues très célèbres de «KOGINSASHI» ou  «NANBUHISHISASHI». Par ces techniques, les paysans ont obtenu du tissu de lin grossièrement tissé, mais rendu plus dense et plus épais grâce à une couture en fil de coton.

La technique du SASHIKO trouve son origine dans le SASHITSUZURI / SHINÔ de l’époque d’ASUKA (592-710). Selon l’histoire, le Bouddha Shakyamuni (vers le 5ème siècle avant J.C.) a déjà utilisé cette technique pour confectionner son premier KESA = kāṣāya (habit d’ascète) à partir de tissus de rebut, de toutes origines. Partout dans le monde, ce procédé de couture était utilisé pour recycler les vêtements.

À l’époque d’Edo, dans la ville d’Edo (=Tokyo d’aujourd’hui) et dans d’autres grandes villes, la technique de SASHIKO était très utilisée. Pendant cette époque, les villes du Japon étaient bâties de maisons en bois construites densément, et elles ont souvent subi de graves incendies. Les HIKESHI (pompiers) portaient le SASHIKO HANTEN qui est une veste spéciale fabriquée en doublant ou en triplant l’épaisseur de tissu, renforçé  par la technique de SASHIKO. Ce tissu épais était mouillé pour se protéger du feu et des étincelles. Leurs gants et capuches étaient aussi renforcés par la technique du SASHIKO. Cette veste était souvent réversible et son intérieur était en général décoré avec une scène héroïque et voyante. Après avoir maitrisé l’incendie, les HIKESHIs retournaient leur veste, et les habitants d’Edo les félicitaient. Les chefs des HIKESHIs de ville ou les HIKESHIs seigneuriaux portaient eux des vestes en cuir de daim qui ne brûlent pas, ornée avec l’emblème de leur groupe de HIKESHI par la technique de l’INDEN.

Dans certains village de pêcheurs, on portait aussi vêtements de travail de type SASHIKO. Comme les tissus doublés ou triplés ont plusieurs couches d’air, il isolent  bien du froid de l’eau de la mer; de plus, il sert de temps en temps de gilet de sauvetage. Les motifs de SASHIKO représentent souvent la prière pour une bonne pêche.

Mis à part les vêtements, on utilise cette technique de SASHIKO pour les objets quotidiens comme les serviettes. Le «HANA-FUKIN = serviette de fleurs» de Akita ou d’autres endroits est très réputé. Une mère avait coutume d’offrir à sa fille qui se mariait des serviettes décorées de plusieurs motifs de fleur. En général, la mère de la mariée prépare et conserve pendant plusieurs années ces serviettes pour la journée de mariage de sa fille. Cette tradition date d’une l’époque où l’on disait que les filles ne retournaient jamais dans leur famille après leur mariage. Les mères faisaient ces serviettes en priant pour le bonheur de leur fille.